Les émotions
Un peu d’étymologie : Du latin « ex movere » l’émotion vient à la fois de : « ex » signifiant au dehors. » motus » signifiant mouvement. « movere » voulant dire s’émouvoir, remuer, bouger, ébranler, agiter.
Ce qui donne à l’émotion la caractéristique de ce qui nous met en mouvement. Mouvement qui s’appréhende dans le corps par les courants végétatifs, les réactions viscérales, les excitations somatiques et sensorielles, les sensations et les 5 sens régis par le système nerveux autonome et qui cherchent à s’exprimer au dehors pour leur trouver un sens.
L’émotion est un phénomène physiologique spontané, elle informe l’organisme de la menace d’un changement réel ou fantasmé. Contrairement au sentiment, sa durée est assez courte et elle nous prépare à agir. Elle passe par le corps, déclenche une multitude de décharges électriques, hormonales et viscérales.
L’émotion est indispensable dans le processus de conscience et Damasio dit que cette conscience s’appuie sur des assisses corporelles, voire neurobiologiques où les émotions y jouent un rôle central de médiateur.
L’universalité des émotions à travers les cultures chez l’homme et dans le règne animal laisse penser qu’il s’agit de processus adaptatifs, favorisant la survie de l’individu et de l’espèce[1]. C. Darwin a le premier donné à la capacité d’expression émotionnelle chez l’homme et l’animal un rôle majeur de sélection naturelle dans ses théories sur l’évolution.k
L’émotion a une valeur de signal et surtout de langage pré-verbal.
L’émotion est un organisateur des processus primaires de l’appareil psychique, régi par le principe de plaisir, lors de l’évaluation du bon et du mauvais et leur catégorisation progressive dans le vécu du nourrisson.
L’émotion donne donc lieu à une manifestation corporelle qui exprime une sensation ou un ressenti, en réponse à l’action d’un environnement donné,
En neuroscience nous le verrons, ce chemin induit une véritable cascade de changement psycho-physiologique.
C’est un mécanisme naturel et vital vécu :
- Physiquement (décharge électrique accompagné de changement hormonaux et de manifestations corporelles). Elle déclenche donc une tension de l’organisme dont le but est de mettre en action un mouvement pour retrouver un équilibre acceptable.
- Psychiquement (le cerveau est constitué d’éléments chimiques dont nos émotions modifient la structure de nos connexions neuronales). L’émotion influence aussi la mémoire en envoyant des informations liées au rapport qu’entretien la perception
du sujet sur le monde et comment il se le représente. Les émotions jouent un rôle majeur dans de nombreux aspects de la vie : A l’école, mal gérées, elles peuvent être à la source de violences, d’agressions et de conflits entre les enseignants et les élèves. En politique, les partis en jouent durant les campagnes électorales. Les émotions peuvent aussi se révéler décisives lors des négociations internationales. En économie, elles influencent les prises de décisions et la gestion du risque. Cette fonction de médiateur correspond à la nature même de l’étymologie du mot psychothérapie.
- La nature étymologique de l’émotion en ce qu’elle tente de mettre au dehors le sens d’un mouvement endogène peut être vue comme un intermédiaire privilégié entre le dedans et le dehors.
- En sport, elles paralysent ou décuplent les performances des athlètes[2]« .
- En art, elles sont non seulement sources de créativité, mais également induites par la peinture, la musique et d’autres formes d’expression artistique.
- Dans les tribunaux, les juges et les jurés ne sauraient être insensibles à la détresse des victimes.
- « Dans le domaine de la santé, elles contribuent tant au bien-être qu’à la dépression ou à l’anxiété.
- Voici ce que dit l’université de Genève :
- L’émotion participe donc aux processus subjectifs de la conscience de soi et d’autrui.
- Du grec « thérapéia », thérapie signifie soin religieux ou plus exactement le culte voué aux dieux. « Les religieuses appelées » thérapeutris » prennent soin des statues des dieux, elles se chargent de maintenir une bonne relation entre les hommes et les dieux. Elles sont des médiatrices entre la matière et l’esprit.[3]«
- L’étymologie du mot psyché vient du grec « psukhê » désignant l’âme, le souffle de vie, l’énergie vitale, le siège des émotions.L’émotivité d’une personne, ou au
contraire son manque d’émotion peut constituer le symptôme d’une souffrance psychique : nous entendons souvent dire d’une personne qu’elle est trop sensible, en proie à ses émotions, « elle a du mal à gérer ses émotions », sous entendu, elle ne met pas de sens à ce qu’elle sent ou au contraire trop dans le concept, c’est une « intello », elle analyse tout. Elle se coupe de ses émotions, sous entendu, elle n’est pas en contact avec sa profondeur. En Analyse Psycho-organique, l’une des intentions est de soutenir l’élan de la personne vers une prise de conscience du lien entre ce qu’elle est en train de dire et ce qu’elle ressent au moment où elle le dit. Nous savons qu’il est important de pouvoir exprimer ce que l’on ressent à quelqu’un qui le comprend pour donner un sens à ce que l’on ressent. Coupée de cela, la personne n’est pas consciente et poursuit sa route avec une moitié d’elle-même qui se « terre ».
- Je ne pense pas que cela soit aussi arbitraire mais nous pouvons pourtant garder de ces stéréotypes, une idée qui est celle de la coupure intra-psychique ou inter-personnelle comme symptôme d’une carence relationnelle précoce, et des conséquences qu’elle engendre quelque soit la position dans laquelle on se trouve.
[1] R. Dantzer » Les émotions » Ed Que sais-je?, 2005, p.11
[2] Site Internet de PRN science affective de Genève.
[3] S. Ginger, Extrait de l’ouvrage: « La gestalt, une thérapie du contact », Homme et groupes édit. Paris 1re . 2006