La CNV, comment ça marche ?

La communication non violente

La communication non-violente est selon son auteur, Marshall B. Rosenberg, « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant ». Si vous n’arrivez pas à communiquer avec votre conjoint, vos collègues de travail, certains membres de votre famille… C’est que vous n’êtes pas en contact avec votre besoin ni avec votre capacité à exprimer ce qui vous touche profondément.

Pourquoi cette incapacité?

Tout simplement parce-que communiquer s’apprend.
Si notre éducation a manqué de bienveillance et de temps pour se sentir reconnue dans sa parole, il est impossible d’acquérir les compétences d’une bonne communication.Tout le monde expérimente dans sa vie le sentiment de ne pas avoir été entendu ou encore écouté. C’est pour cette raison qu’il est important de revenir sur les situations où enfant, notre besoin n’a pas été satisfait, où notre désir n’a pas été reconnu.Sans cette première démarche, le travail ne peut aller plus loin.

Important à savoir

Sachez que c’est un travail de conscience. Il faut être déterminé et accepter toutes les fois où vous allez échouer. C’est normal. Lorsque nous essayons de nous transformer, il y a toujours des moments de désespoir. Souvenez vous que l’important c’est déjà d’être sur le chemin de la conscience. Ce travail demande de la détermination et de l’engagement à vouloir changer.
Vous souhaitez aller plus loin dans la CNV ?
Bienvenue dans le monde de la parole qui œuvre pour un respect mutuel. Quand on souhaite vivre de bonne relation, il est primordial de se préoccuper non seulement de ce qui doit être fait ensemble mais aussi de comment chacun vit la situation.Cette attitude permet de façonner une relation à partir du cœur. C’est une relation d’être à être. Le signal qui doit vous faire réagir est le sentiment de ne pas être entendu. Lorsque nous sommes dans la CNV nous nous sentons à chaque instant grandir un peu plus. Elle a un effet instantané sur la confiance en soi et en l’autre. Chacun se retrouve gagnant et a conscience de ce qu’est une véritable indépendance.En effet, beaucoup de personnes croient malheureusement qu’être indépendant, c’est ne plus avoir besoin de l’autre.Malheur à notre humanité!!!Etre indépendant n’est-ce pas accepter ses dépendances ? créer du lien en acceptant la différence et les enjeux de la relation ? Nous assistons de plus en plus à un refus de dépasser les conflits, les crises. C’est regrettable.

Un peu d’éthymologie

Du latin « confligere », conflit veut dire heurter. Ceci renvoie à l’opposition de sentiments, de conceptions, de désirs ou encore de pulsions contradictoires chez une même personne ou au sein d’un groupe.

Du grec « krisis », la crise veut dire décision, mutation, changement d’état, transformation!
En somme si vous souhaitez vivre des relations plus nourrissantes, il est primordial de croire ( cela demande de travailler certains changements de croyance ) qu’il est possible d’incarner une nouvelle énergie. En effet, nous sommes très forts pour gaspiller notre énergie de croissance.Il faut y croire !!!

  • Lorsque vous ruminez des pensées négatives sur autrui ou sur vous-même.
  • Lorsque vous sentez que ses pensées sont répétitives.
  • Lorsque votre corps somatise.
  • Lorsque vous avez le sentiment que ce n’est plus la peine.

Vous êtes en proie avec des mécanismes de défenses souvent inconscients qui vous empêchent de poser réellement le problème.
Vous tournez en rond!
Considérer l’autre comme un égal développe sa propre capacité à développer de la bienveillance et de la douceur. S’affirmer ne veut pas dire imposer. C’est toujours plus agréable d’échanger de la bienveillance même si nous sommes en désaccord.
La violence est l’expression dramatique de certains besoins non satisfaits.
En effet, la violence est une manifestation de l’impuissance fondamentale que tout être humain doit apprendre à canaliser.Les personnes qui tombent dans la violence verbale et/ou physique sont démunies. Elles ne savent pas, ou n’ont pas appris à se mettre des limites.elles ont souvent mis en place des mécanismes de défenses (ex: déni, identification projective, etc.) qui les empêchent littéralement de reconsidérer leurs actes. Rendre responsable autrui des sentiments qui nous animent, empêche de se responsabiliser, de prendre de la distance et de développer d’autres modes de relation.L’origine de la souffrance réside dans l’expérience d’un besoin profond non satisfait.A chaque fois que nous souffrons, une partie de nous pleure de ne pas pouvoir obtenir la satisfaction.
Nous avons tous des besoins.
Lorsque nous parlons à la hauteur de notre besoin, le conflit trouve une fin heureuse. Par exemple:Un enfant demande à sa mère un verre d’eau. Il demande à être satisfait au niveau du besoin primaire, le maintien de la vie.Un homme demande à son patron une augmentation. Il demande à être satisfait au niveau du besoin d’estime de soi ou de son besoin de reconnaissance. Une mère demande plus de temps pour elle, trois mois après son accouchement. Elle demande d’être satisfaite au niveau de son besoin de conserver son identité de femme.
Vous avez pu remarquer que la demande a une place majeure dans la communication non violente?

Demander, c’est quoi ?

La demande nait d’un constat qui pose problème. Elle est adressée à quelqu’un de précis, à un groupe ou une collectivité.
La demande permet d’être connectée avec le présent d’une situation. Pour être entendu, elle se doit d’être formulée positivement et doit laisser le choix à son interlocuteur.Dans une demande, il y a une formidable énergie de changement. En cela, beaucoup de personne se coupe de leur capacité à demander, car elles ont peur de découvrir leur potentiel de création. Dans d’autres cas, cela peut être la peur du refus qui empêche son expression. La personne rumine des scénarios d’échecs et alimente un dialogue intérieur erroné. Elle perd littéralement contact avec le présent et la réalité de l’autre. Elle construit déjà la réponse. « Je sais qu’elle me dira non de toute façon ».
Il est donc important de reconnaitre son besoin, l’assumer et l’exprimer.
Oser demander c’est aussi faire l’image d’une co-création heureuse et joyeuse! car dans certaine situation c’est l’humour qui permet de désamorcer la situation.
Lorsqu’une personne réalise une demande sans avoir peur du jugement, elle se montre honnête envers elle-même. Elle est consciente de comment l’autre peut le recevoir. Elle sait prendre appui sur ses qualités et connait ses limites. Elle n’impose pas.
Cela passe parfois par oser dire NON!
Pour dire non, il est important de ne pas aller trop vite dans son expression. C’est important de prendre le temps. Une relation est un formidable lieu d’échange et de possible pour chacun d’entre nous. Lorsque je dis NON, à quoi je dis OUI ?

Ce qui empêche de dire Non:

Peur des conséquences, « Il/elle va plus m’aimer, me quitter… »Penser que les besoins de l’autre sont plus importants. « Il a travaillé toute la journée, je ne vais pas en plus lui demander de … »Peur d’essuyer un refus.Manque de temps dans la réponse, ne contacte pas le besoin profond.Un héritage familial où il n’est pas convenable de s’exprimer à la hauteur de son self. Cela pourrait être pris pour de l’arrogance.

Pour pouvoir dire NON:

Accueillir la parole sans jugement.S’intéresser authentiquement à la demande qui vous est faite. Si besoin, reformuler la demande afin de montrer son intérêt.Prendre le temps de répondre. Respirer, différer la réponse si besoin. « Je te donne ma réponse dans un quart d’heure ». Dire NON en exprimant ses sentiments.Faire une demande en retour afin de montrer à l’autre qu’il n’est pas laissé pour compte. « Ton idée d’aller au cinéma ce soir me plait mais je suis fatiguée. Si tu veux bien, on peut voir un autre moment cette semaine pour le faire ».

La CNV permet de poser les choses POUR soi et pas CONTRE l’autre.S’exprimer sans vouloir que l’autre adhère à ce que l’on ressent peut s’apprendre très tôt dans la vie.Les enfants sont d’ailleurs frillants de l’énergie qui se déploie de ce genre de communication. Ils peuvent poursuivre leur jeu avec plus de sérénité et se sentent grandir tous les jours un peu plus. Pour les adultes c’est pareil, ils utilisent leur énergie pour poser leur besoins et non pour attaquer ou faire des reproches.
Finalement c’est épuisant de mal communiquer.
Une grande partie des dépressions, du stress journalier, des maladies… partent d’une difficulté de communication qui s’est enquistée profondément dans l’être en devenir.Les colères mal gérées, où l’on voit des déchirements, des isolements, des violences verbales ou physiques … consomment beaucoup d’énergie. Elles sont le signe que nous avons perdu contact avec nos besoins.

Comment gérer ses colères?
Entendre les signes manifestes de notre corps. Nos sensations !!!Respirer pour donner du temps et se réguler organiquement. Écouter son dialogue intérieur. Nommer intérieurement ses besoins et les considérer important. Éventuellement, exprimer son sentiment et poser une demande ou encore faire en sorte de s’éloigner de la situation désagréable.
Pour plus d’information sur la CNV et sur la page du site de la CNV : qu’est-ce que c’est ?

La solitude n’est pas l’isolement

De nombreuses personnes éprouvent des difficultés à être bien seules. Tout comme il est difficile pour certains d’être bien avec les autres, à être soi devant l’autre. Pour les uns ce sera le sentiment d’être étouffé, envahi, irrité, rejeté par l’autre. Pour les autres ce sera éviter le conflit, avoir peur d’être abandonné, déçu ou avoir le sentiment de ne pas être intéressant, d’être perdu et pas assez intelligent.

Le regard que nous portons sur nous-même est souvent jugeant. Empêchant tout amour vers soi-même.

Je me sens seul(e), personne ne pense à moi, n’a envie d’être avec moi, il (elle) ne m’aime pas puisqu’il (elle) ne m’appelle pas, puisqu’il (elle) ne veut pas aller au cinéma avec moi, sortir avec moi

Certains aiment vivre la solitude, en ermite, chez eux, dans leur famille, partant sans cesse à travers le monde ,ou encore au milieu d’une foule. Mais l’isolement n’est pas la solitude.

S’isoler c’est être sans lien aux autres, sans contact avec un réseau d’amis, sans relation, sans amour à donner ou à recevoir.
La solitude, c’est être bien avec soi-même, être soi, être un bon compagnon pour soi-même.
« L’homme naît seul, vit seul, meurt seul », disait le Bouddha.

Cela ne veut pas dire que l’on naît isolé, que l’on vit et meurt isolé. Personne ne peut naître, vivre et mourir à notre place.

Personne d’autre que nous-même ne peut trouver ce bonheur d’être bien à l’intérieur de soi, solide, ouvert aux autres et au monde. Toujours et encore en contact avec le courage d’affronter les tumultes de la vie. Personne d’autre ne peut assumer à notre place notre existence.

André Compte-Sponville partage : « Si l’on peut parfois s’entraider (et bien sûr qu’on le peut !), cela suppose l’effort solitaire de chacun. La solitude n’est donc pas refus de l’autre, au contraire : accepter l’autre, c’est l’accepter comme autre (et non comme un appendice, un instrument ou un objet de soi !), et c’est en quoi l’amour, dans sa vérité, est solitude ».

Rilke a trouvé les mots qu’il fallait, pour dire cet amour dont nous avons besoin, et dont nous ne sommes que si rarement capables : « Deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s’inclinant l’une devant l’autre ».

« L’amour n’est pas le contraire de la solitude : c’est la solitude partagée, habitée, illuminée et assombrie parfois par la solitude de l’autre. L’amour est solitude, toujours. Non que toute solitude soit aimante, tant s’en faut, mais parce que tout amour est solitaire. Personne ne peut aimer à notre place, ni en nous, ni comme nous. Ce désert, autour de soi ou de l’objet aimé, c’est l’amour même ».
Être en relation suppose d’accepter l’autre tel qu’il est, et non tel que nous voudrions qu’il soit. Personne ne peut répondre à notre place à tous nos besoins, tous nos désirs. La vie intra-utérine peut s’approcher de ce nirvana et beaucoup d’entre nous tentent toute leur vie de retrouver cet état de bain maternel.
L’autre est-il sur terre pour nous satisfaire en tout point ? Nos relations de couple ne se trouvent elles pas coincées dans la croyance que l’autre conjoint doit combler ses besoins et désirs ?
La relation de couple est une formidable opportunitée pour grandir et développer les compétences jusque là restées cachées.
Les attitudes qui résultent d’un attachement insécure ou évitant se font voir au grand jour.
Les difficultés commencent, chacun se repli sur soi, ou s’égratigne l’un l’autre, ou encore ne communique plus et ne peut donc pas trouver une fin heureuse au conflit.

Être en relation est un défi, un travail de conscience de chaque instant.

  • Peser les actes, les mots et réfléchir aux problèmes quand ils se présentent.
  • Se faire aider lorsque les solutions trouvées n’apportent pas la satisfaction.

Il est possible de trouver une stabilité, un bien être, un état intérieur fort et ouvert au dialogue. Une présence simultanée à soi et au monde. Une acceptation de l’altérité.

Bibliographie


M. Larivey, « Le défi des relations », Les éditions de l’homme.


M. Nabati, « Le bonheur d’être soi », Fayard.