Sortir de la symbiose

Sortir de la symbiose en se confrontant à la perte

Enfant et terre
Le mot castration en psychanalyse rend compte « du processus qui s’accomplit chez un être humain lorsqu’un autre être humain lui signifie que l’accomplissement de son désir, sous la forme qu’il voudrait lui donner, est interdit par la loi ».
Cette signification passe par le langage, qu’il soit gestuel, analogique ou verbal. Cet interdit à agir renforce le désir, et provoque révolte puis dépression du fait de ne pouvoir obtenir satisfaction, et ensuite angoisse devant la menace d’annulation de son désir.
« C’est donc par interdit que le sujet désirant est initié à la puissance de son désir, qui est une valeur, en même temps qu’il s’initie ainsi à la loi, laquelle lui donne d’autres voies à l’identification des autres humains, marqués eux aussi par la loi ».

Les interdits ( inter-dits ) transmettent les grandes lois qui structurent l’identité de l’enfant au fur et à mesure de son développement : interdit du retour dans le ventre de la mère quand le cordon ombilical est coupé, castration originaire, ensuite l’interdit du cannibalisme par la castration orale lors du sevrage, puis l’interdit du meurtre par la castration anale, l’interdit de la toute puissance avec la castration phallique (qui est l’acceptation d’appartenir à un seul sexe), puis enfin l’interdit de l’inceste avec la castration œdipienne qui ouvre la voie du sujet au choix d’un objet d’amour hors de la famille, et à son identité symbolique dans son groupe culturel et social d’appartenance.
Ce n’est que lorsque les besoins de proximité sont satisfaits que l’enfant peut s’éloigner de la figure qui le sécurise pour explorer ce qu’il ne connaît pas.

Pour faire ce pas, D. Winnicott a conceptualisé la théorie de « l’objet transitionnel ». Cet objet symbolique de la présence maternelle ( bobine, doudou, etc..) permet à l’enfant d’exister séparé de sa mère, à condition toutefois que la mère soit « suffisamment bonne » c’est-à-dire, ni trop absente pour ne pas exposer son bébé à l’angoisse, ni trop présente pour ne pas entraver sa créativité et son autonomie.
Faute de quoi, cette mère que l’on dit irréprochable ou « trop bonne mère » deviendra à l’adolescence une mauvaise mère, car elle ne comprend pas pourquoi son enfant n’est pas dans la reconnaissance de tout ce qu’elle a fait pour lui.

L’émotion de l’enfant en nous

En s’autorisant à ressentir ses sensations et à accueillir ses images intérieures symboliques, la personne qui est en psychothérapie ouvre peu à peu sa conscience sur un second MOI, celui de son enfant intérieur.
Contacter son émotion, c’est souvent savoir entendre cet enfant, ses émotions, ses sentiments, ses souffrances mais aussi ses joies, sa créativité, son imaginaire.
De cette rencontre va découler un apprivoisement, une sécurité intérieure qui permet d’avoir confiance et de s’estimer. La reconnaissance d’un psychisme bidimensionnel « contribue à apaiser le sujet en l’aidant à réaliser que sa souffrance n’est point consécutive à un manque réel dans l’ici et maintenant, réparable concrètement, mais qu’elle constitue l’expression des craintes de son enfant intérieur et qu’elle est donc porteuse d’un sens » (M. Nabati).
En psychothérapie, cette rencontre est source de changement pour le sujet. Dans le meilleur des cas, l’adulte d’aujourd’hui va lui faire une place réelle dans son cœur, celle que cet enfant revendique depuis toujours.

Le corps de cet enfant est donc aussi présent et il parle en fonction des besoins et des désirs qui l’animent.

« Par conséquent l’enfant en nous, et non pas vraiment l’adulte, qui craint qu’on ne l’aime pas, qu’on le juge mal, qu’on le critique, qu’on lui reproche ceci ou cela, qu’on le culpabilise, qu’on le gronde, qu’on le trouve nul, bête et vilain.
C’est lui qui doute de ses capacités, ne se croyant pas à la hauteur, se trouvant inutile ou mauvais, dramatisant tout problème, hésitant sans cesse face aux choix de sa vie, sans réussir à se décider […] C’est lui qui s’impatiente, s’emporte, s’énerve, devient coléreux, agressif ou violent, ou qui, à l’inverse, s’expose masochistement comme bouc émissaire dans des situations d’échec, de rejet et de harcèlement, cherchant des bâtons pour se faire frapper.
C’est enfin lui qui s’épuise à plaire, par le biais de la réussite et de la renommée, pour se croire quelqu’un, pour exister, être reconnu, désiré, important et aimé
 » (M. Nabati).
Nos émotions sont donc un langage dont la lecture se fait en premier lieu par le corps, et ce corps est souvent celui de notre enfant intérieur.

Bibliographie


M. Nabati, Guérir son enfant intérieur, Fayard.